Après une carrière dans le rugby dans les années 50, Guy Ligier a commencé la compétition en sport mécanique moto, en 1959 (champion de France en 59 et 60) puis passe à l’automobile en Formule Junior, en rallye et en Formule 2 où il rencontre Jo Schlesser chez Ford France en 1964. Ils seront coéquipiers en F2 et endurance sur une GT 40 et une Cobra. En 1966, Ligier et Schlesser deviennent les importateurs exclusifs pour la France des produits Ford et Shelby. Cette même année comme d’autres pilotes ils décident de construire et courir sur leurs propres voitures. Ligier disputera son premier Grand Prix de Formule 1 en 1966 sur Cooper-Maserati T81 et Schlesser en 1968 sur une Honda RA 302. Malheureusement en 1968, celui-ci se tue à son premier Grand Prix à Rouen-les-Essarts lors du troisième tour …
Tous les deux avaient un projet, produire une GT capable de rivaliser avec les Alpine ou encore les Porsche. C’est au moment du décès de Jo, que Guy Ligier passe le cap, et raccroche le volant pour réaliser ce rêve, le nom JS est choisi en hommage à son ami. C’est dans une usine à Albrest près de Vichy que Ligier s’installe. Cette JS1 est une voiture de compétition mise au point avec l’ingénieur Michel Têtu et le journaliste ingénieur Jean Bernadet. Cette voiture fut produite en trois exemplaires et s’aligne en compétition durant toute la saison 70, mais sa faible diffusion impose un engagement dans la catégorie Prototype, où la JS1 parait plus faible que ses rivales.
Il va rapidement passer la vitesse supérieure et développer sa grande sœur, la JS2 dont l’objectif est d’être produite pour le grand public et d’être homologuée notamment en GT pour laquelle 500 exemplaires civils sont nécessaires. Initialement prévue pour un lancement en fin d’année 1970, Ford décide de faire faux bond au petit constructeur français en lui refusant la fourniture du moteur au dernier moment.
A l’origine, la Ligier JS2 devait embarquer un V6 de 165cv provenant de la Ford Capri RS, mais après le refus de Ford, Ligier se met en quête d’un nouveau moteur et trouve son bonheur dans la gamme Citroën, qui propose alors la SM équipée d’un V6 Maserati de 170cv. Un an fut nécessaire pour établir un partenariat avec Citroën et adapter la JS2 à ce moteur.
La Ligier JS2 fut finalement présentée lors du salon de Paris 1971, le prix affiché est de 74.000 Francs en novembre 1972, la fiche technique propose des performances de premier ordre : 240km/h en vitesse de pointe. Ces performances sont réalisées grâce au faible poids de la voiture (1.030kg). Elle s’habille d’une carrosserie en fibre de verre renforcée de résine synthétique pour faciliter sa fabrication en petite série.
La ligne de la Ligier JS2 est signée Pietro Frua, retouchée au niveau de la face avant par le carrossier Pichon-Parat lors de l’adoption du V6 Maserati. La carrosserie est très basse, son point le plus haut culmine à 1,15 mètres ! Elle intègre un fin pare-choc en caoutchouc et une nouvelle prise d’air sur le capot. Pour des raisons de coûts, Ligier fait appel à la banque de Pièce Peugeot et Citroën. Les premiers exemplaires seront livrés à la clientèle dès le mois de novembre 1972.
Entre temps, Ligier sort la JS2 en compétition avec un moteur 3.0 litres pour 195cv, la voiture s’aligne en endurance avec les 24 heures du Mans, en rallye avec le Tour Auto ou le Tour de Corse, sans succès lors de la première saison. Un engagement sportif sans succès, des ventes au compte goutte, voilà comment résumer la première année de la voiture qui s’écoule à 48 exemplaires en 1972.
En 1973, Ligier décide d’intégrer le moteur de 195cv sur les JS2 civiles et espère augmenter les ventes. Le prix de vente augmente lui aussi à 74.500 Francs, seules 80 voitures sont écoulées cette année-là. En sport automobile, la JS2 voit sa carrosserie modifiée pour améliorer l’aérodynamique, tandis que Maserati propose une version de son V6 portée à 330cv. A défaut d’un succès au niveau des ventes, Ligier se contente de finir les 24 heures du Mans et d’une dixième place sur le Tour Auto.
En 1974, le choc pétrolier viendra impacter les performances commerciales de la Ligier JS2, mais le petit constructeur de Vichy voit son partenariat avec Citroën renforcé puisque les Ligier trouvent une place dans les concessions de ce dernier, qui assure également le service après-vente.
Pour tenter de maintenir en vie sa voiture, Ligier fait évoluer la carrosserie de la JS2 au début de l’année 1975, la face avant reçoit les phares escamotables. Trop tard, la JS2 est condamnée par Peugeot qui décide de se débarrasser de Maserati, la JS2 n’a plus de moteur et Ligier n’est pas décider à en retrouver un dans cette période morose pour les sportives. Moins de 300 voitures ont été écoulées sur la vie de la voiture.
Dommage, car en compétition, la Ligier JS2 arrive à maturité lors de la saison 1975, notamment en récupérant le sponsor Gitanes suite au retrait de Matra en Formule 1.
C’est justement durant cette année que Ligier aligne 3 voitures officielles aux 24 Heures du Mans dont deux avec le moteur V8 Cosworth et une fidèle au V6 Maserati
Les équipages étaient de rêve avec Beltoise – Jarrier, Pescarollo – Migault et Lafosse – Chasseuil. Ces derniers offrent une deuxième place exceptionnelle qui, sans ce défaut de capteur de pression d’huile auraient pu s’adjuger la première place plutôt que de terminer à un tour et auraient pu permettre d’écrire un avenir différent pour la JS 2 si la victoire avait été acquise.
Cet échec partiel mettra un terme à l’aventure Ligier en endurance et 1976 ouvrira les pages de l’histoire Ligier en Formule 1.